Annexe 6 - Vigilance Agro
- 1. Classement des denrées dans les catégories PAM ou non PAM (Item C1 de la grille d’inspection)
- 2. Classement des denrées PAM dans les catégories « permettant ou ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes » (Item C1 de la grille d’inspection)
- 3. Conception des locaux et des équipements
- 4. Qualité de l’environnement de production et des opérations de nettoyage, désinfection
- 5. Maîtrise des étapes de fabrication et de distribution des denrées PAM
- 5.1. Importance de la qualité des matières premières (Item C3)
- 5.2. Maîtrise des étapes de fabrication (Item C2, sous-item C403 et items en lien avec les BPH)
- 5.3. Maîtrise des étapes de distribution (Items relatifs aux BPH et Sous-item C403)
- 5.4. Maîtrise de la chaîne du froid (Sous-item C401) et prise en compte des températures de conservation raisonnablement prévisibles dans la validation des durées de vie microbiologique (Item C6)
- 6. Autocontrôles microbiologiques de l’environnement au regard du danger Listeria monocytogenes (Item B5)
- 7. Autocontrôles microbiologiques portant sur les denrées au regard du critère de sécurité Listeria monocytogenes (Item C6)
- 8. Suites à donner à des résultats insatisfaisants (Items B5, C6 et D2)
- 9. Sensibilisation du personnel à la sécurité alimentaire (Items en lien avec la mise en œuvre du PMS)
Annexe 6 : Points de vigilance particulière en contrôle officiel lors de l’évaluation des conditions de production et de mise sur le marché des denrées PAM au regard du danger Listeria monocytogenes, hors restauration commerciale et restauration collective
Nombre de denrées PAM sont des denrées sensibles, voire très sensibles, dont la manipulation requiert des mesures de maîtrise adaptées.
Des mesures de maîtrise spécifiques à chaque filière sont disponibles dans les GBPH sectoriels. Par ailleurs, pour les petits établissements, il convient de prendre en compte les mesures de flexibilité prévues par les règlements et décrites dans l’IT n°2018-924 du 07/01/19(1) et ses annexes sectorielles disponibles sur le site internet du ministère en charge de l’agriculture.
Les dispositions qui suivent se concentrent sur un rappel de certaines bonnes pratiques de portée générale qui doivent être modulées au regard des procédés de fabrication mis en œuvre et de la taille de l’établissement.
Sont précisés dans cette annexe 6 :
les items de la grille d’inspection concernés ;
des lignes directrices en termes de notation C ou D de certaines non-conformités susceptibles d’être relevées au cours de l’inspection des établissements.
Certaines de ces informations viennent compléter le vade-mecum général d’inspection qui fera l’objet d’une révision ultérieure.
1. Classement des denrées dans les catégories PAM ou non PAM (Item C1 de la grille d’inspection)⚓
Le classement des denrées dans les catégories PAM ou non PAM relève de la responsabilité des exploitants du secteur alimentaire. Les dispositions du chapitre 3.2 et de l’annexe 1 de cette instruction technique, résumées dans les logigrammes de l’annexe 2, donnent des indications visant à harmoniser les approches des exploitants et de l’autorité officielle. Le caractère PAM ou non PAM d’une denrée doit être prédéfini dans les procédures de l’exploitant : il ne peut pas être déterminé au moment de la gestion d’une non-conformité ou d’une alerte sanitaire. Si le caractère PAM ou non PAM d’une denrée n’a pas été prédéterminé et validé dans le PMS et est incertain, la denrée sera considérée comme une denrée PAM par défaut pour la gestion de toute non-conformité ou alerte sanitaire.
Le contrôle officiel du classement des denrées dans les catégories PAM ou non PAM est réalisé :
pour les établissements dont l’activité requiert un agrément sanitaire, lors de l’instruction du dossier de demande d’agrément puis lors des inspections physiques en consultant le PMS actualisé, en interrogeant l’exploitant sur la fabrication éventuelle de nouveaux produits et en contrôlant les produits finis détenus ;
pour les autres établissements, lors des inspections physiques en consultant les éléments du PMS, en interrogeant l’exploitant et en contrôlant les produits détenus.
Dans le cas des denrées classées non PAM mais identifiées comme sensibles (du fait d’un risque de mésusage pour les denrées crues ou d’exposition à un risque de contamination pour les denrées traitées thermiquement : se référer aux logigrammes de l’annexe 2), l’exploitant peut être conduit à retenir Listeria monocytogenes dans son analyse des dangers et définir en interne à son établissement un critère assimilé à un critère d’hygiène lui permettant de valider et vérifier l’efficacité de son procédé de fabrication et d’engager toute action corrective nécessaire sur ce process en cas de résultat insatisfaisant.
Conseil :
1 Instruction technique n°2018-924 du 07/01/19 relative aux critères de détermination des établissements éligibles à des mesures de flexibilité et lignes directrices en matière de mise en œuvre de cette flexibilité au niveau du plan de maîtrise sanitaire
2. Classement des denrées PAM dans les catégories « permettant ou ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes » (Item C1 de la grille d’inspection)⚓
Le classement des denrées PAM dans les catégories « permettant ou ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes » doit être prédéfini dans les procédures de l’exploitant : il ne peut pas être déterminé lors de la gestion d’une non-conformité ou d’une alerte sanitaire. Si le caractère « permettant ou ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes » n’a pas été prédéterminé et validé dans le PMS et est incertain, alors la denrée sera considérée comme permettant la croissance de Listeria monocytogenes par défaut pour la gestion de toute non-conformité ou alerte sanitaire.
Le contrôle du classement des denrées PAM dans les catégories « permettant ou ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes » est réalisé dans les mêmes circonstances que pour le classeent en denrées PAM ou non PAM (décrites au point 1 ci-dessus).
Pour les produits classés dans la catégorie « ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes », l’inspecteur porte une attention particulière au contrôle :
des modalités de maîtrise des paramètres physico-chimiques (pH, aw, concentration en acides organiques, etc.), dans le cas où la non-croissance de Listeria monocytogenes est liée à ces caractéristiques physico-chimiques (se référer au point 5.2. ci-après) ;
le cas échéant, des résultats des études scientifiques justifiant cette non croissance (notamment, résultats des tests de croissance, de l’historique des tests de vieillissement).
Si le classement dans la catégorie « ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes » est fondé sur les résultats d’une étude collective, l’inspecteur s’attache à vérifier la similitude du procédé de fabrication mis en œuvre par l’exploitant au regard de celui associé à l’étude.
3. Conception des locaux et des équipements⚓
3.1. Sectorisation physique adaptée (Item B1 de la grille d’inspection)⚓
Compte tenu de la sensibilité de certaines denrées PAM à une contamination en cours de fabrication, les principes généraux de marche en avant et de séparation des secteurs de niveau d’hygiène différent revêtent ici un caractère primordial. Cela se traduit par la protection adaptée des secteurs où sont réalisées des activités sensibles consistant en la manipulation de produits finis nus, telles que le tranchage, le conditionnement, tout particulièrement si ces opérations interviennent après l’application de traitements visant à garantir la conformité microbiologique des denrées (pasteurisation, séchage, etc.).
La sectorisation repose sur une hiérarchisation des zones selon leur niveau d'hygiène (séparation secteur cru / secteur cuit, secteur propre / secteur contaminant) qui doit clairement figurer dans le PMS et se retrouver dans l'établissement lorsque le procédé de fabrication le nécessite.
Selon les établissements et notamment en fonction des catégories de produits finis et des volumes de production, la sectorisation permanente des espaces peut être remplacée par une succession des opérations dans le temps : un même local peut être utilisé pour plusieurs étapes de production de niveau d’hygiène différent sous réserve de la réalisation d'opérations de nettoyage et, si besoin, de désinfection appropriées entre chaque utilisation. Ces modalités de fonctionnement doivent être raisonnablement applicables au quotidien.
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3.2 Circuits adaptés des denrées, du personnel et du matériel (Item B1)⚓
Les contaminations microbiologiques croisées constituent un risque majeur au regard du danger Listeria monocytogenes, notamment pour les produits ayant été soumis à un traitement assainissant : elles peuvent survenir par contact direct avec des matières crues, des personnels, des équipements, du matériel, etc..
La sectorisation mentionnée au point précédent se traduit par une gestion stricte des flux des matières, du personnel et du matériel afin de préserver la zone de manipulation des produits sensibles des risques de contamination.
Croisements des circuits crus et cuits et/ou propres et contaminants,
Personnel, matériel, conditionnements, etc. introduits sans précaution en zone de manipulation de produits sensibles.
3.3 Flux d’air, hygrométrie et contamination aéroportée maîtrisés (Item B1)⚓
En complément de la sectorisation physique, la gestion des flux d’air permet de prévenir les contaminations aéroportées. Selon la sensibilité des procédés de fabrication mis en œuvre et la capacité de production de l’établissement, le recours à des salles microbiologiquement contrôlées peut s’avérer nécessaire (maintien en surpression de la zone de manipulation des produits sensibles avec filtration de l’air).
Les locaux où les denrées PAM sont exposées à l’environnement doivent être conçus de façon à pouvoir être maintenus aussi secs que possible. En effet, les opérations humides favorisent la prolifération et la propagation de Listeria monocytogenes. La prévention de la formation de condensation est donc particulièrement importante pour la maîtrise de ce danger (notamment par la maîtrise de la ventilation). Dans le cas où un environnement sec ne serait pas compatible avec les procédés de fabrication (exemple des caves d’affinage de fromages), des mesures de maîtrise adaptées doivent permettre de garantir la sécurité des produits.
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4. Qualité de l’environnement de production et des opérations de nettoyage, désinfection⚓
4.1. Locaux et équipements adaptés aux opérations de nettoyage-désinfection (Item B1) et en bon état (Item B4)⚓
L’état des locaux et des équipements destinés à la manipulation des produits sensibles est irréprochable, notamment sur les points suivants :
l'aptitude au nettoyage et à la désinfection : pour les produits très sensibles tels que, par exemple, les produits traités thermiquement manipulés après le traitement assainissant, les matériaux des locaux et des équipements doivent être lisses, intacts, faciles à nettoyer et désinfecter (absence de fissures, de crevasses, de soudures irrégulières, de joints usés ou d’autres zones qui ne sont pas accessibles lors des opérations de nettoyage/désinfection, etc.) ; une attention particulière est également portée aux éléments les plus difficiles d'accès (bouche d'aération, éléments d'éclairage ayant des surfaces horizontales, etc.). Pour les denrées bénéficiant d’une flore de protection (produits fermentés par exemple) et selon la sensibilité des produits manipulés, les matériaux traditionnels tels que le bois peuvent être utilisés sous réserve de leur parfait entretien (exemple : caves d’affinage en production fromagère, etc.),
la prévention de toute stagnation d’eau dans les zones sensibles (sols conçus afin de faciliter l’écoulement des eaux de lavage vers des systèmes d'évacuation, absence de fuites d’eau, absence de dégradation des sols avec rétention des eaux de lavage induisant des risques de projections sur les denrées via les roues de chariots par exemple, etc.), sauf dans les locaux où il y a une exigence technologique à maintenir une hygrométrie élevée et sous réserve de l’application de mesures de maîtrise alternatives.
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Conseil :
1 Codex Alimentarius - CAC/GL 61 – 2007 – Directives pour l’application des principes généraux d’hygiène des denrées alimentaires à la maîtrise de Listeria monocytogenes dans les aliments prêts à consommer
4.2. Propreté des locaux et des équipements maîtrisée (Item B5)⚓
Les procédures de nettoyage et de désinfection doivent être adaptées au niveau de risque des activités réalisées dans chaque local et rigoureusement appliquées, en tenant compte des points d’attention suivants :
l’acquisition progressive de résistance aux produits biocides est à prendre en considération lors du choix des désinfectants1,
suivant l’analyse de risque, le matériel de nettoyage devrait être dédié à chaque zone de production (par exemple aux zones « produits crus », aux zones «produits cuits», etc.) et devrait pouvoir se distinguer facilement (par un code couleur, par exemple)1,
suivant l’analyse de risque, le séquençage des étapes de nettoyage/désinfection devrait être raisonné en fonction des différentes zones de production et du personnel affecté à ces opérations,
l’utilisation de tuyaux de nettoyage à haute pression pendant la production ou après que le matériel a été nettoyé et désinfecté est à proscrire afin d’empêcher que les aérosols n’entrent en contact avec les aliments prêts à consommer, les surfaces en contact avec les aliments et les matériaux de conditionnement1,
l’ajout d’une étape de raclage de l’eau résiduelle à la fin des opérations de nettoyage-désinfection facilite le séchage des ateliers,
le contrôle quotidien de la propreté visuelle doit permettre de vérifier la conformité des installations avant le démarrage de l’activité, en particulier dans les zones de manipulation de denrées sensibles.
Il est à noter que l’étape de désinfection n’est pas systématiquement pratiquée lorsqu’une flore utile est recherchée comme, par exemple, dans les caves d’affinage de fromages.
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Conseil :
1 Codex Alimentarius - CAC/GL 61 – 2007 – Directives pour l’application des principes généraux d’hygiène des denrées alimentaires à la maîtrise de Listeria monocytogenes dans les aliments prêts à consommer
5. Maîtrise des étapes de fabrication et de distribution des denrées PAM⚓
5.1. Importance de la qualité des matières premières (Item C3)⚓
Certaines denrées PAM ne sont pas soumises à des étapes assainissantes. C’est le cas notamment :
des denrées animales crues non soumises à une transformation (exemple : tartare de la mer, steak tartare, carpaccio, etc.),
des denrées animales soumises à des étapes de transformation non assainissantes ou à faible pouvoir assainissant, de type fermentation, séchage, faible traitement thermique (cas par exemple des salaisons sèches, du poisson fumé, des fromages au lait cru, de certains produits traiteurs de type samoussas au fromage, etc.),
des denrées ne donnant lieu qu’à un assemblage (cas des produits de type sandwich, salade, pain surprise, sushi, etc.),
des denrées ne donnant lieu qu’à une étape de décongélation (cas du reconditionnement de denrées PAM après décongélation).
En l’absence de traitements assainissants des denrées PAM, la qualité sanitaire de ces denrées repose donc notamment sur la qualité des matières premières mises en œuvre et conduit l’exploitant à procéder à une sélection rigoureuse de ses fournisseurs.
La maîtrise de la qualité de ces matières premières doit être prise en compte dans le PMS de l’exploitant fabriquant ces denrées PAM et se fonde principalement sur les éléments suivants :
la définition de cahiers des charges fournisseurs formulant des exigences pouvant aller au-delà de la réglementation applicable aux exploitants situés en amont. Par exemple, le GBPH relatif aux industries charcutières définit des critères Listeria monocytogenes pour les viandes matières premières (carcasses et pièces découpées) destinées notamment à la production de salaisons sèches ;
une démarche de qualification / référencement des fournisseurs, qui peut prévoir la collecte d’informations spécifiques relatives à leur PMS, une démarche éventuelle d’audit de ces établissements, la définition d’une période de contrôle renforcé avant référencement ou après un incident,
la mise en place d’une procédure de contrôle à réception adaptée à ces matières premières,
la définition d’un plan d’autocontrôles microbiologiques (éventuellement libératoires) concernant les matières premières visant à évaluer leur qualité sanitaire et, au-delà, la qualité des fournisseurs.
Ces mesures résultent de l’obligation de l’analyse des dangers et de maîtrise des points déterminants prescrite à l’article 5 du Reg CE 852/2004 : elles sont à moduler en fonction de la taille de l’établissement et de son activité.
Dans les petits établissements, notamment éligibles aux mesures de flexibilité, la formalisation d'un cahier des charges fournisseur ou de fiches techniques produits n'est pas indispensable, de même que la réalisation d’autocontrôles microbiologiques sur les matières premières. Dans tous les cas, l'exploitant doit pouvoir expliquer oralement sa procédure de contrôle des matières premières sensibles à réception et l'illustrer par la gestion des dernières non-conformités observées.
Dans le cas de la production de denrées PAM non soumises à une étape assainissante, les non-conformités suivantes (liste non exhaustive) donneront lieu à une notation C ou D selon les constats réalisés (à l’exception des petits établissements éligibles aux mesures de flexibilité) : |
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5.2. Maîtrise des étapes de fabrication (Item C2, sous-item C403 et items en lien avec les BPH)⚓
Cette maîtrise résulte notamment :
de la bonne application des étapes éventuelles de transformation : détermination et surveillance des points déterminants (CCP, PRPo), des paramètres technologiques (taux de sel, teneur en conservateurs, etc.), des paramètres physico-chimiques (pH, aw), etc..
de la prévention des contaminations croisées, notamment lors des étapes postérieures à l’application des traitements assainissants telles que le démoulage, le tranchage, le conditionnement.
Les étapes de fabrication visant à réduire ou détruire la population de micro-organismes pathogènes (traitement thermique, hautes pressions, etc.) ou inhiber leur croissance (séchage, ajout de sel, de conservateurs, de régulateurs d’acidité à effet bactériostatique, de flores technologiques de bio-préservation, etc.) donnent lieu à une surveillance.
La pasteurisation (consistant en un traitement thermique à des températures inférieures à 100°C visant à détruire les enzymes et les micro-organismes dans leur forme végétative) doit permettre l’assainissement de la denrée au regard des flores pathogènes non sporulées dont Listeria monocytogenes : ce traitement doit être associé à une réfrigération du produit avec la détermination d’une date limite de consommation (DLC). La détection de la présence de Listeria monocytogenes dans une denrée pasteurisée témoigne donc d’une perte de maîtrise pouvant être liée :
soit à un traitement thermique inadapté (notamment, dans le cas d’une denrée pasteurisée dans le conditionnement final) ;
soit à une re-contamination liée aux manipulations postérieures à la pasteurisation.
Dans les deux cas, l’exploitant doit engager immédiatement les mesures correctives adaptées afin de retrouver une situation de maîtrise.
Pour les denrées ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes de par leurs caractéristiques physico-chimiques (pH ≤ 4,4 ou aw ≤ 0,92 ou pH ≤ 5 et aw≤ 0,94)2 et définies comme telles dans le PMS de l’exploitant sous réserve de justifications, l’exploitant apporte la preuve de la maîtrise de ces paramètres aussi bien au sein d’un même lot que d'un lot à l'autre. A cet effet, ces paramètres, qui constituent des mesures de maîtrise, font l’objet d’une surveillance régulière et pré-établie avec un échantillonnage représentatif des conditions de fabrication les plus favorables à la croissance de Listeria monocytogenes (en lien notamment avec les équipements (exemple : dans un séchoir, prélèvement des unités dans la zone où le séchage est le plus faible) et la nature des produits finis (exemple : pour un jambon sec, les valeurs d'aw varient en fonction de la zone anatomique du jambon et c'est la valeur la plus favorable à la croissance de Listeria monocytogenes qui doit être prise en compte)).
De même, pour les denrées permettant la croissance de Listeria monocytogenes pour lesquelles il a été démontré le non dépassement du critère de sécurité de 100 ufc/g à DLC, l’exploitant doit garantir la maîtrise des paramètres conditionnant le respect de ce critère à DLC (exemple : dosages en acides organiques ayant une incidence sur le pH, etc.). Ces mesures de paramètres physico-chimiques et/ou ces contrôles de composition peuvent constituer des points déterminants (CCP ou PRPo)3. L’évolution des mesures de ces paramètres doit faire l’objet d’une analyse de tendances afin d’anticiper toute évolution se rapprochant de résultats insatisfaisants et de maîtriser la variabilité intra et inter-lots pour les paramètres considérés. Dans le cas des établissements éligibles aux mesures de flexibilité, la perte de poids peut donner lieu à une surveillance si une corrélation a pu être établie avec les mesures d’aw.
L’efficacité de l’usage éventuel autorisé de flores de biopréservation (ferments non endogènes) doit être justifiée, notamment au travers :
du choix raisonné de la flore microbienne protectrice (innocuité de la flore et de la ou les molécule(s) active(s), efficacité contre le développement de flores pathogènes dont Listeria monocytogenes, etc.),
de la maîtrise des conditions d’utilisation permettant une bonne implantation du ferment (taux d’inoculation cible respecté, traitement homogène de la denrée, etc.) impliquant une surveillance,
de l’effet obtenu sur le microbiote de la denrée (par la réalisation, par exemple, d’un test de croissance prouvant la non croissance de Listeria monocytogenes),
ou du respect des préconisations des GBPH sectoriels, le cas échéant.
Par ailleurs, une attention particulière est portée sur la maîtrise des étapes postérieures au traitement assainissant afin de garantir l’absence de contamination en lien avec l’environnement de transformation. Cela implique notamment :
la maîtrise de l’hygiène des locaux, des équipements et du matériel (Item B5),
la maîtrise des conditions de stockage et de mise à disposition des matériaux de conditionnement (Sous-item C402),
la définition de procédures de fonctionnement adaptées (séquençage des productions, etc.) (Sous-item C403),
le respect des bonnes pratiques d’hygiène par le personnel (formation adaptée, hygiène vestimentaire et comportementale irréprochable) (Items F1 et F2).
Les non-conformités suivantes (non exhaustives) donneront lieu à une notation C ou D selon constats : Étape visant à réduire ou détruire la population de micro-organismes pathogènes non identifiée en tant que point déterminant (CCP ou PRPo) : cette disposition n’est pas applicable dans le cas où un GBPH sectoriel prévoit que la maîtrise sanitaire est garantie par les BPH sans nécessité de définir de points déterminants,
Absence de surveillance des paramètres physico-chimiques (pH, aw, etc.) ou de composition (concentration en acide organique, flore de bio-préservation, etc.) ayant conduit l’exploitant à classer les denrées dans la catégorie « ne permettant pas la croissance de Listeria monocytogenes »,
Identification de mauvaises pratiques d’hygiène susceptibles d’entraîner des contaminations.
Conseil :
2 Ces paramètres sont définis dans le Reg CE 2073/2005, sous forme de note de bas de page liée aux critères Listeria monocytogenes
5.3. Maîtrise des étapes de distribution (Items relatifs aux BPH et Sous-item C403)⚓
Si certaines denrées PAM sont vendues au consommateur final préemballées, d'autres sont déconditionnées et manipulées au stade du commerce de détail (exemples : rayon traditionnel charcuterie, fromagerie, poissonnerie, etc.). Le rapport de l’EFSA de 20184 souligne que cette étape représente un risque important de contaminations croisées : les commerces de détail doivent donc mettre en œuvre les mesures visant à prévenir ce risque (locaux et équipements adaptés, maîtrise des opérations de nettoyage- désinfection, des approvisionnements, de l’hygiène des manipulations, etc.).
Conseil :
3 La métrologie des équipements de mesures de pH et aw doit être assurée
5.4. Maîtrise de la chaîne du froid (Sous-item C401) et prise en compte des températures de conservation raisonnablement prévisibles dans la validation des durées de vie microbiologique (Item C6)⚓
Considérant la capacité de Listeria monocytogenes à se développer à basse température, la maîtrise des couples temps / température de conservation est essentielle à toutes les étapes des procédés de fabrication, transport et distribution.
Les opérations de chargement/déchargement successives et l’exposition des denrées alimentaires à la vente constituent des maillons fragiles dans la chaîne du froid. Quelles que soient les performances des meubles de vente, de bonnes pratiques d’utilisation sont à respecter, comme le respect des limites maximales de chargement afin de ne pas perturber les flux d’air froid.
Par ailleurs, les modalités de conservation domestique constituent le maillon le plus faible de la chaîne du froid, de par notamment :
le délai, trop souvent important, entre l’achat et le rangement dans le réfrigérateur ménager ayant pour conséquence une véritable rupture de la chaîne du froid,
la méconnaissance de la température intérieure du réfrigérateur et le réglage défectueux du thermostat de régulation,
les variations de température auxquelles sont exposées les denrées consommées sur plusieurs repas successifs (exemple : fromages, rillettes, pâtés, etc.).
Il est donc essentiel que les établissements de production prennent en considération dans la validation des durées de vie microbiologique des denrées PAM, les conditions raisonnablement prévisibles de distribution, d’achat, de conservation et d’utilisation en soumettant les produits à des ruptures de la chaîne du froid représentatives de la vie du produit conformément aux dispositions de l’IT n°2019-861 du 24/12/2019 relative à la durée de vie microbiologique des aliments.
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Conseil :
4 EFSA 2018.5134 : Listeria monocytogenes contamination of ready-to-eat foods and the risk for human health in the EU
6. Autocontrôles microbiologiques de l’environnement au regard du danger Listeria monocytogenes (Item B5)⚓
L’inspecteur contrôle la pertinence globale du plan d'autocontrôles de l’environnement en tenant compte des mesures de flexibilité applicables aux petites structures et en s'assurant que l’exploitant prend en considération, par exemple, les recommandations du guide du LRUE Listeria monocytogenes, en particulier concernant le choix des sites, du moment et des méthodes de prélèvement (se reporter à l’annexe 3 de cette Instruction technique).
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7. Autocontrôles microbiologiques portant sur les denrées au regard du critère de sécurité Listeria monocytogenes (Item C6)⚓
L’inspecteur contrôle la pertinence globale des plan d'autocontrôles en tenant compte des mesures de flexibilité applicables aux petites structures et en s’assurant que l’exploitant prend en considération notamment, la sensibilité des denrées, la sensibilité des consommateurs, les volumes de production, l’historique des résultats d’autocontrôles.
Les différents plans analytiques (de référence, de routine et plan renforcé) précisent pour chaque catégorie de denrée PAM, les fréquences analytiques, les plans d’échantillonnage, les critères de non-conformité, les critères d’alerte (si différents des critères de non-conformité), les mesures de gestion en cas de non-conformité ou d’alerte et les modalités de passage d’un plan analytique à l’autre.
De plus, pour les denrées permettant la croissance de Listeria monocytogenes, l’exploitant procède à la validation / vérification des durées de vie microbiologique des aliments au regard du danger Listeria monocytogenes conformément aux dispositions de l’IT DGAL/SDSSA/2019-861 du 24/12/2019 ou, à défaut, applique le critère « non détecté dans 25g ».
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8. Suites à donner à des résultats insatisfaisants (Items B5, C6 et D2)⚓
Conformément aux dispositions du vade-mecum général, lors de chaque contrôle officiel, l’inspecteur demande la communication des synthèses des résultats d’autocontrôles insatisfaisants en Listeria monocytogenes détectés dans l’environnement et dans les denrées depuis le précédent contrôle ou sur une période donnée. L’inspecteur consulte en parallèle les bulletins analytiques correspondants (ou une par- tie).
Pour chaque résultat d’autocontrôle insatisfaisant (notamment pour tous les résultats portant sur les pro- duits finis, et, selon le nombre de résultats insatisfaisants, sur à minima un échantillonnage pour les prélèvements environnementaux), l’inspecteur contrôle les mesures correctives mises en place par l’exploitant.
Par ailleurs, l'établissement peut avoir de multiples fournisseurs de matières premières et être destina- taire d'alertes sanitaires ou de non-conformités portant sur certaines de ces matières premières : l’inspecteur vérifie les actions engagées suite à la notification de telles alertes ou non-conformités.
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9. Sensibilisation du personnel à la sécurité alimentaire (Items en lien avec la mise en œuvre du PMS)⚓
Outre les dispositions relatives à l’hygiène et la formation du personnel, le Reg CE 852/2004 (annexe II chapitre XI bis) prescrit que « les exploitants du secteur alimentaire mettent en place et main- tiennent une culture de la sécurité alimentaire appropriée ». Cette disposition implique au sein de chaque établissement la sensibilisation et la participation active de tous les acteurs (direction et employés) à la mise en place et au respect des bonnes pratiques d’hygiène, des bonnes pratiques de fabrication et des procédures fondées sur l’HACCP dans un objectif de production et de distribution de denrées alimen- taires sûres.
Cette démarche implique notamment :
que les rôles et les responsabilités soient clairement communiqués et connus pour chaque activité,
que le personnel bénéficie d’une formation adéquate en lien avec ses responsabilités et fasse l’objet d’une supervision appropriée,
que les contrôles soient effectués en temps utile et de manière efficace.
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